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La pédagogie Freinet, c’est bon pour la planète


Les représentations sur la pédagogie Freinet sont parfois étonnantes :
elle serait pratiquée à la campagne dans les petites écoles des villages ou alors dans l’enseignement privé comme Montessory ou Steiner.
Quant aux « experts » de l’éducation, ils la rangent dans leur bibliothèque sur l’étagère de la belle époque de l’éducation nouvelle du début du 20e siècle. Freinet rangé entre Decroly et Rousseau !
Difficile alors pour un certain nombre de personnes d’imaginer une classe ou une école Freinet en 2015 en zone urbaine et dans l’enseignement public.
Et pourtant, quelques milliers d’enseignants choisissent la pédagogie Freinet dans des établissements publics citadins et sont même très présents dans les quartiers dits populaires. Et ils sortent de l’école ! Car la découverte de l’environnement est naturelle à la pédagogie Freinet, même dans les grandes villes.
« Naturelle », est d’ailleurs une expression utilisée par Freinet pour montrer l’importance de ne pas séparer l’apprentissage du développement de l’enfant et du respect de ses cheminements singuliers et de ses tâtonnements.
Même s’il apprend par ses essais et ses erreurs, l’enfant a besoin d’un milieu suggestif, qui suscite le désir, d’un environnement bienveillant, riche de relations humaines et d’échanges de savoirs.
C’est toute la part des familles, des adultes qui environnent l’enfant.
C’est toute la part du maître, cet artisan de situations pédagogiques authentiques qui suscitent désir, curiosité, questionnements et donc recherches, enquêtes et travaux chez l’enfant.
C’est toute la part de la pédagogie Freinet qui vise des apprentissages ancrés sur la vie, sur l’environnement culturel, social, familial… pour que l’enfant en devienne vraiment acteur, mais pas dans n’importe quel milieu éducatif, il lui en faut un libérateur, coopératif et démocratique, car être citoyen ne se décrète pas à 18 ans…

En quoi la pédagogie Freinet peut-elle peser sur l’avenir de l’humanité et de la planète ?
L’éducation devrait apporter à tous les enfants les moyens et les outils de lire et de comprendre le monde. Ainsi devenu adulte, chaque enfant aurait les capacités d’agir sur lui, en coopération avec les autres pour l’améliorer et le transformer. Il deviendrait ainsi un citoyen conscient, acteur et auteur !
J’emploie le conditionnel, car difficile lorsqu’on apprend par cœur pour des évaluations et des examens sans donner de sens, sans relier, sans tisser les savoirs et les connaissances dans un système compétitif et sélectif de comprendre son environnement.
Le monde est complexe, mais l’école continue de morceler, de simplifier, de résumer… et elle forme un citoyen individualiste et passif. Et nous, pédagogues Freinet, nous souhaitons construire un citoyen émancipé et créateur !
Dans une classe Freinet l’environnement qu’il soit naturel, social, culturel entre dans la classe : moments de paroles, exposés d’enfant ou de parents, correspondances, invitation de professionnels, utilisation de médias écrits ou visuels…
Dans une classe Freinet, les enfants sortent, l’environnement proche est une véritable encyclopédie à ciel ouvert. Le regard de l’enfant guidé, accompagné s’aiguise sur le vivant, la société, l’histoire, la géographie, la culture, les sciences…
Une plaque de rue, une vieille maison, une tour d’immeuble, un arbre penché, un coup de vent, l’envol d’un oiseau, une femme très âgée, un rai de lumière, une ombre sur le mur, un fauteuil roulant, un homme couché sur le trottoir, un musicien, un chauffard, une affiche… seront des amorces de questionnements, de débats, de recherches et de travaux.
Et dans les murs de l’école naîtront des poésies, des textes libres, des œuvres d’art, des exposés, des articles de journaux, de blogs… bref l’expression, la création, la coopération et la communication ne sont plus des vains mots parsemés dans les programmes scolaires, ils prennent sens et vie.
Et dans les murs de l’école, les enfants débattront, proposeront et élaboreront des projets, ils décideront… un véritable exercice quotidien de la citoyenneté et de la participation dans un environnement démocratique où empathie, compréhension, coopération, laïcité, diversité, mixité…. auront toute leur place.

Si dans toutes les écoles c’était ainsi, les enfants d’aujourd’hui dans 20 ans…
… dans les quartiers, les villes, les villages auraient les capacités de participer et de prendre les bonnes décisions pour l’humanité et la planète.
… au sein du parlement, représenteraient les citoyens et les citoyennes avec la conscience du bien commun que représentent l’humanité et la planète.
N’oublions pas l’École est fille et mère de la société, une histoire pleine d’avenir !

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2 Comments

  1. François Spinner

    La pédagogie Freinet, c’est bon pour la planète
    Rappelons que Catherine est l’auteure d’Entrer en pédagogie Freinet dans n’autre collection N’autre école. Livre clair, pratique, informatif qui questionne notre rapport au social, à l’éducation et à la pédagogie. Libertalia, notre éditeur, vient de le réimprimer puisque le premier tirage de 1500 exemplaires était déjà épuisé !

    A commander ici : 2245

    Lire la présentation et un entretien avec l’auteure :
    2752
    2633

  2. Daniel BRET

    La pédagogie Freinet, c’est bon pour la planète
    Bien d’accord avec cette ouverture sur le monde, mais il ne faut pas oublier qu’un des aspects importants de la PF comme je l’ai connue était la publication de textes et tout ce qu’il y a autour : apprendre à s’exprimer, à écrire, à communiquer (avec les voisins, une autre école, etc). L’ordinateur et l’internet donnent alors une dimension extraordinaire par rapport à ce que j’ai connu avec l’imprimerie à l’école. Bon vent à l’École Freinet.
    Faisons aussi mieux connaître la vie de Célestin Freinet.

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