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La classe de neige

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Pour bien préparer la rentrée, nous continuons notre publication estivale de quelques-unes des chroniques revigorantes de Véronique Decker.
N’oubliez pas de commander et lire son dernier recueil,
L’école du peuple.




arton1065-d1120-3.gif L’école du peuple
Véronique Decker
Collection N’Autre École / Q2C n° 9
Libertalia, 124 p., juin 2017
Prix : 10 € + 2,84€ de frais de port





La classe de neige

Ah ! les feignasses : une pleine semaine de classe à la neige. « Maudites fonctionnaires qui profitent », pensent déjà bien des concitoyens.

Deux classes de l’école partent : le projet fait travailler les enfants sur un « cahier de classe de neige » depuis le début de l’année. Durant ce temps, les parents doivent trouver 85 euros pour régler leur participation. La mairie paye le transport et la nourriture. L’Éducation nationale ne paye rien de plus, la participation des parents règle les cours, les forfaits, les autocars. Les maîtresses écrivent le projet, encaissent les participations des parents sur le compte de la coopérative scolaire, trouvent les accompagnateurs bénévoles, envoient à la mairie les attestations d’engagement et d’assurance pour chacun d’entre eux, organisent le séjour, trouvent les cours de ski, les locations de matériel, les forfaits de remonte-pente, les autocars pour aller du lieu de séjour à la station. Un dossier pédagogique est validé par l’Inspection, et un dossier administratif impose d’écrire toutes les vérifications, partant du numéro de portable de chaque parent, jusqu’à l’agrément des chauffeurs des autocars et au diplôme de chaque moniteur de ski.

Le souci c’est que nos élèves ne vont jamais au ski. Il faut donc leur prêter les combinaisons, les gants, les chaussettes, les masques. Petit à petit, au cours des années, et avec l’aide de l’Office des coopératives scolaires, nous avons accumulé 60 combinaisons de toutes tailles, qui sont prêtées à toutes les écoles qui les demandent, mais qui sont stockées dans notre école, ce qui facilite pour nous le prêt en échange d’une importante gestion. Chaque école qui emprunte doit relaver les combinaisons. Et cet après-midi, avec une maîtresse de CP, j’ai réimperméabilisé toutes les combinaisons à la bombe aérosol. Pendant ce temps, les maîtresses cherchent des masques et des chaussettes (pas facile en plein milieu des vacances d’hiver, les magasins ont été pillés par les vacanciers des neiges).

Le lundi de la rentrée, elles partiront en car avec leur classe à 7 heures du matin pour un voyage de douze heures avec presque 50 enfants. Puis, elles resteront nuit et jour avec eux, sans aucun relais, car nous n’avons pas les moyens d’avoir des animateurs « vie quotidienne », ce qui fait que les maîtresses font classe, mais aussi douche, habillage, câlins du soir, accompagnement au cours de ski, encouragements sur les pistes. Bref, environ quinze heures de travail chaque jour pendant six jours d’affilée. Les enfants profitent de l’air pur, de l’activité de ski, des promenades dans les bois, des bonhommes de neige, d’expériences scientifiques sur les états de l’eau.

Les maîtresses rentrent rompues, pour entendre à la radio des candidats aux mandatures qui proposent qu’elles travaillent davantage. Davantage ? On ne voit vraiment pas comment.

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