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L’espace politique de la classe


Les instructions officielles insistent sur le rôle de l’école dans la formation du citoyen. C’est ce qu’illustre en particulier l’existence de l’Education civique juridique et sociale. Néanmoins, le rôle de la pédagogie dans cette fonction sociale de l’école n’est pas explicitement abordée.

Il est possible en forçant le trait de considérer que l’enseignant dans sa classe peut se comporter soit en autocrate, soit en démocrate.

L’homologie entre la classe et l’espace public politique apparaît très clairement présente par exemple dans les pédagogies de John Dewey ou de l’analyse institutionnelle. A travers l’institution d’un conseil, la classe devient un espace d’apprentissage de l’ethos démocratique.

Néanmoins, il va sans dire que ce n’est guère cette voie qui domine à l’heure actuelle dans l’institution scolaire.

Du côté de l’institution scolaire, l’établissement qui fonctionne bien est celui où enseignants et CPE mettent en place un système de règles et de sanctions qui sont effectivement appliquées. La littérature sociologique nous explique que le temps de l’école caserne a disparu. Néanmoins, force est de constater que le régime disciplinaire dont nous parle Foucault dans Surveiller et punir n’est pas caduc.

Du côté des élèves, les études d’opinion qui les interrogent sur le sujet montre qu’ils considèrent qu’en premier lieu, le « bon prof » est celui qui « sait tenir sa classe ». Implicitement, l’élève tendrait à se considérer comme « un animal qui a besoin d’un maître » (Kant).

On pourrait certes se satisfaire de ce constat s’il ne soulevait l’inquiétude sur les conditions de possibilité d’un ethos démocratique. En effet, si les élèves considèrent qu’ils ont besoin d’être tenus par un maître, c’est qu’ils ne parviennent pas à concevoir qu’ils pourraient être des individus autonomes et que c’est même ce type d’individu que requiert une démocratie.

Cela signifie que ce qu’ils appellent de leurs vœux, à savoir un enseignant qui sache faire preuve d’autorité, est ce qui les prépare à réclamer dans l’espace public politique toujours plus d’autorité et de sécurité. Avec de telles demandes, s’il n’est guère certain que l’on puisse instituer des démocraties, on peut du moins craindre que cela soit propice au développement de régimes autoritaires.

Ainsi ceux qui au sein de l’institution scolaire se félicitent du bon fonctionnement de son régime disciplinaire, devraient plutôt s’inquiéter du type d’individu qu’ils contribuent à fabriquer. On pourrait ainsi commencer par s’interroger par exemple sur le lien entre le peu d’éducation à l’autonomie des élèves dans le secondaire et l’échec des étudiants à l’université.

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