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Kronos contre Topos

La pensée éducative et pédagogique est essentiellement spatiale. L’éducation traditionnelle a ainsi toujours imaginé et prôné des espaces clos , coupés de leur environnement et volontiers concentrationnaires. La Philosophie de l’éducation nouvelle, depuis Rousseau, a, quant à elle, davantage pensé des espaces ouverts sur l’environnement, la nature comme cadre d’éducation.

Pour autant, pédagogie traditionnelle, comme nouvelle, accordent, toutes deux, une énorme importance pour le lieu, pour la place , à l’environnement. La pensée de l’Éducation qui en ressort est éminemment spatiale.

L’espace est en effet perçu et considéré, dans les deux cas, comme un moyen de production et de contrôle des situations pédagogiques et éducatives.

L’éducation spécialisée, le travail social, ont également hérité de cette recherche d’un environnement idéal. Il s’agit toujours à proprement parler de rechercher des lieux un peu plus idéaux.

Les acteurs sociaux sont ainsi tous plus ou moins des utopistes: à la recherche d’un environnement idéal pour y mener les actions éducatives et sociales dans les meilleures conditions.

Malheureusement cette option utopiste constitue également une limite dans cette démarche. Les lieux idéaux n’existent pas et les institutions, qui sont en général des « environnements contrôlés » sont aujourd’hui en crise et en difficulté pour répondre aux réels besoins de leurs publics.

Cette idée de créer un espace contrôlé où le progrès et le changement seraient possibles, se heurte au caractère illusoire et artificiel d’un tel espace.

Or, ce n’est pas dans l’espace mais dans le temps qu’il faudrait chercher la possibilité du changement .

Ainsi en Pédagogie Sociale, ce qui compte ce n’est pas le lieu, mais le moment. Autant on ne sélectionne aucun lieu et on met en œuvre les interventions dans tous les espaces , quels qu’ils soient; autant ce qui compte c’est de créer un moment d’exception.

L’erreur des pédagogies traditionnelles et nouvelles c’est de penser qu’il est possible de contrôler un lieu idéal à un moment quelconque.; alors que c’est l’inverse qui est vrai: il est nécessaire de créer un moment idéal, dans un lieu quel qu’il soit.

Utopistes contre Uchronistes

Tout est dans le moment et dans la qualité des moments que nous saurons créer et mettre en œuvre, dans tout environnement, même le pire. Nous n’avons pas besoin d’utopistes, mais d’uchronistes, des « constructeurs de moments ».

La Pédagogie Freinet par exemple est foncièrement uchroniste; elle s’adapte à tout lieu, à tout espace et ce qu’elle tend à créer ce sont des moments où les enfants et les adultes seront « auteurs » de leur propre activité. Moments forts, qui permettent d’alors de prendre avec soi cette expérience où qu’on aille.

Ces moments sont bien entendu également des « moments relationnels », et en particulier de grande sécurité: affective, sociale et matérielle.

Toutes les actions en milieu ouvert, tout le travail « hors les murs » et « hors institution », sont centrées sur cette notion de « moments pédagogiques », également théorisés par Korczak.

A Robinson, nous créons de tels temps dans le cadre de nos ateliers: petite et grande enfance; en pied d’immeuble ou au bidonville. Nos pédagogues se spécialisent et se professionnalisent dans la conduite du temps.

Il leur importe de produire ces moments d’exception avec les enfants et tous ceux qu’ils rejoignent .

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Association Intermèdes Robinson

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