Menu Fermer

Kroniks Robinsons : La théorie des moments

« Size the times »

Nous souffrons trop souvent d’une vision trop figée et en particulier binaire des choses; ainsi, en matière de développement du pouvoir d’agir , d’empowerment deux modèles semblent s’exclure.

Dans le premier modèle, il n’y aurait, a-priori pas de structure initiatrice, il n’y a pas d’étayage extérieur des projets, il n’y a (en théorie) qu’auto-organisation par le groupe lui même et éventuellement un suivi distancié du territoire et des acteurs.

Dans le second modèle, une structure organisatrice émerge et se renforce, qui peut même être née d’une initiative externe; elle tend alors à se structurer, et crée à son tour des moyens d’agir que d’aucuns jugeraient artificiels ou illégitimes .

Le premier modèle paraît léger , plus souple , plus démocratique. Dans les faits il est aussi très limité et souvent se réduira à un petit cercle d’habitués, autour d’un travailleur social avec le risque perpétuel de se replier sur lui même.

Dans la réalité, ce qui compte ce ne sont pas les modèles, ce sont les moments.Une structure organisée , pouvant compter sur des permanents comme des volontaires et bénévoles, si elle est bien orientée génère des moments d’autogestion, de prise de pouvoir, de complète participation que l’on ne trouverait nulle part ailleurs. C’est l’organisation qui rend ces moments possibles et dès lors ils existeront pour leurs protagonistes, comme des modèles réalistes.

Il n’y a pas à choisir entre organisation et autogestion, il faut cultiver, susciter et saisir le moment.

Le moment est partout en Pédagogie Sociale.
Korczak structurait sa pédagogie pour qu’elle donne lieu à des moments éducatifs particuliers; des instants d’une qualité et d’une authenticité si particulière qu’ils faisaient date, qu’ils faisaient charnière. Il encourageait ses éducateurs à partir à la chasse de ces moments et à s’appliquer à les écrire (les décrire) , pour les saisir.

Même au coeur de la plus grande des précarités, nous pouvons toujours bâtir de tels moments. Ils ne sont pas dérisoires , ce ne sont pas des consolations: c’est du temps saisi, du temps repris, du temps réapproprié.

“Le moment,” c’est du temps qui fait sens, qui ne s’enfuit pas, ne s’oublie pas. Du temps qu’on ne perd pas, mais qu’on retient.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *