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“JRE 14” : nouvelle offensive réactionnaire et médiatique, à l’école de la régression

Voir aussi le Blog L’école des réac-publicains…

Difficile de passer à côté : depuis quelques jours l’info se répand comme une traînée de poudre. Il s’agit de l’appel lancé à l’initiative de Farida Belghoul, ancienne participante de la marche pour l’égalité de 1983 aujourd’hui active dans la nébuleuse qui gravite dans le sillage nauséabond d’Alain Soral.

Il y a quelques mois elle a réalisé une vidéo sur l’Éducation nationale où elle dénonce, à la suite de bien d’autres petits penseurs réactionnaires la fabrique de l’illétrisme ou la propagande LGBT et athée que diffuserait l’école en France. À cette école «du diable», elle prône le rétablissement des méthodes «traditionnelles» et d’une idéologie d’ordre et de traditions…bataillant pour le retour d’un «Ministère de l’instruction publique».

En ligne de mire, derrière la dénonciation du mariage pour tous, les élucubrations sur le “genre”, l’homophobie, c’est bien l’égalité qui constitue la véritable cible visée par cette propagande d’extrême droite.

Le 13 décembre, Farida Belghoul lance l’initiative « Journée de retrait de l’école », invitant les parents à retirer leurs enfants de l’école une journée par mois à partir de janvier 2014, en justifiant cette absence par la phrase : « Journée de retrait de l’école pour l’interdiction de la théorie du genre dans tous les établissements scolaires. » La première initiative a lieu le 24 janvier 2014.

Début 2014, elle lance également l’initiative de « l’année de la robe », en appelant toutes les femmes à porter la robe et à laisser le pantalon aux hommes. (Source Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Farida_Belghoul).

Depuis quelques jours cette vidéo est popularisée par un appel qui circule auprès des familles via un envoi SMS et des pages facebook. Cet appel renvoie en lien à la fameuse vidéo de Farida Belghoul et invite à une « Journée de retrait de nos enfants de l’école »:

JOURNEE DE RETRAIT DE L’ECOLE
POUR L’INTERDICTION DE LA THEORIE DU GENRE DANS TOUS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES

A partir de janvier 2014, retirons nos enfants de l’école un jour par mois : choisissez ce jour en concertation avec le comité local dont vous dépendez sans prévenir les enseignants. Vous justifierez l’absence de votre enfant le lendemain par le motif suivant : journée de retrait de l’école pour l’interdiction de la théorie du genre dans tous les établissements scolaires.

ATTENTION. ATTENTION le 27 janvier 2014 journée de Retrait de nos enfants de l’Ecole.
Le choix est simple soit on accepte la “théorie du genre” (ils vont enseigner à nos enfants qu’ils ne naissent pas fille ou garçon, mais qu’ils choisissent de le devenir !!! Sans parler de l’éducation sexuelle prévue en maternelle à la rentrée 2014 avec démonstration), soit on défend l’avenir de nos enfants.
Nos enfants n’iront pas à l’école ce lundi ! Simplement marquer sur le carnet: “mon fils/fille n’est pas venue à l’école pour participer à la campagne pour l’interdiction de la théorie du genre dans les établissements scolaires.”

Diffusez! Et pensez à la phrase de L.Rossignol sénatrice PS: “les enfants n’appartiennent pas à leurs parents mais à l’Etat…”

En réponse, nous souhaitons rappeler à cette dame la phrase de Bakounine : « Les enfants n’appartenant ni à la société ni à leurs parents, mais à leur future liberté… »

A ce sujet, voir l’excellent billet Le catéchisme « antipédago », le « gender » et la nouvelle extrême droite soralo-dieudonniste de Luc Cédelle et le message que le SNUipp-FSU 59 a envoyé aux écoles du département du Nord.

Plusieurs collègues et parents nous ont alertés hier sur des campagnes menées en direction des parents d’élèves, par tractage, sms ou courriels.

Nous nous interrogeons d’ailleurs sur la manière dont les auteurs de ces campagnes se sont procuré les adresses ou numéros de téléphone…

L’objectif des messages est d’inciter les parents à ne pas mettre leurs enfants à l’école ce vendredi 24 ou lundi 27, afin de marquer leur refus de la « théorie du genre » ! La date ne semble pas choisie au hasard, puisque de nombreuses organisations d’extrême-droite appellent à un « jour de colère » ce dimanche (avec manifestation à Paris). Ces offensives multiples sont alarmantes ! Cette action est lancée par Farida Belghoul et « égalité et réconciliation », le mouvement de Soral. Sa proximité avec Dieudonné peut expliquer que cela rencontre un écho auprès de certaines familles musulmanes.Tout cela semble savamment orchestré. Nous vous proposons ci-après des réponses et des arguments, notamment à destination de parents peu ou mal informé-es qui pourraient se laisser convaincre par ces discours mensongers.

Dès hier soir, le SNUipp-FSU est immédiatement intervenu auprès du Ministère afin que soit rappelée la place (déjà ancienne) de ces apprentissages dans les programmes, et que ces questions cessent de troubler l’indispensable sérénité dont ont besoin enseignants, élèves et parents au sein de l’école. Nous demandons au ministère que tout soit mis en œuvre pour que les services de l’Etat recherchent la manière dont les auteurs de ces campagnes ont pu se procurer les adresses ou les numéros de téléphone.

En réponse, le ministère a décidé de lancer une alerte auprès des Recteurs et des DASEN. Ils ont pour mission notamment, de transmettre aux écoles des outils d’informations à distribuer aux familles. De plus, il nous assure qu’il lance une enquête sur les adresses et numéros de téléphone.

Une « théorie du genre ? »

Au risque de nous répéter, cette théorie n’existe pas ! Il existe des recherches sur le genre, qui est parfois défini comme un outil d’analyse, parfois comme un système de hiérarchisation entre les sexes (les deux définitions ne s’excluant pas forcément). Ceux qui s’élèvent contre le « genre » sont ceux qui en réalité en sont les gardiens du temple !

(Cf. circulaire « Genre et école primaire » du 29 mai 2013).

Quelques réponses pour les parents :

– Si l’école travaille sur les stéréotypes filles-garçons, c’est pour qu’ils ne soient pas un carcan pour les enfants, et qu’ils ne limitent pas leur épanouissement personnel de filles ou de garçons. On ne met pas dans la tête des enfants qu’ils pourraient choisir leur sexe ! Leur identité ne sera pas brouillée, ils pourront au contraire mieux s’affirmer individuellement : on leur montre qu’être fille ou garçon ne doit pas forcément conditionner leurs choix de loisirs, de lectures, de sports, de métiers…

– La « complémentarité des sexes » est un mythe, chaque fille, chaque garçon est un être unique, et il n’existe pas de particularités de goût, de caractère ou d’aptitude qui seraient partagées par toutes les filles ou par tous les garçons.

– L’éducation à l’égalité et l’éducation à la sexualité existent depuis longtemps à l’école, il n’y a rien de nouveau (Cf. textes officiels en annexe). Il ne s’agit pas de parler de pratiques sexuelles, encore moins de faire des démonstrations ! C’est une éducation au respect entre les sexes, afin de prévenir et d’empêcher les violences sexistes et les abus sexuels, doublés de quelques notions de science sur la reproduction animale et humaine.

– Quant à faire la promotion de l’homosexualité, cela ne tient pas : on ne choisit pas d’être homosexuel-le, ni hétérosexuel-le d’ailleurs. Donc parler de couples homosexuels, c’est parler d’amour, d’affection (et non de pratiques, là encore), et cela n’aura pas de conséquences sur l’orientation sexuelle des enfants. En revanche, cela peut éviter des suicides pour celles et ceux qui se découvriront homosexuel-les à l’adolescence.

1 Comment

  1. Frédéric Béague

    “JRE 14” : nouvelle offensive réactionnaire et médiatique, à l’école de la régression
    Bonjour et merci pour vos explications sur le débat autour de l’inexistente “théorie du genre”. Vos “réponses aux parents” m’ont fait voir la dispute autour de cette question de façon bien différente. Si ttes les personnes qui veulent lutter contre les stéréotypes filles-garçons pour sortir les unes et les autres de carcans sexistes, avaient expliqué les choses aussi clairement que vous, bcp de psychodrames médiatiques auraient pu être évités et la cause des enfants aurait été mieux servi.
    En tte sympathie.
    Frédéric (Enseignant et parent d’élèves)

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