Menu Fermer

Initiation à l’informatique ou conditionnement du citoyen ?

La ville d’Angers annonce fièrement sur son site internet qu’elle a commencé à acquérir des tablettes iPad pour en équiper progressivement toutes ses écoles. Si l’on en croit les auteurs de l’article, c’est le choix d’un outil moderne, fiable, pérenne et incontournable. Et si au contraire il s’agissait là d’une erreur monumentale et fondamentale quant à la place de l’informatique à l’école?

Jetons un voile pudique sur sur l’éthique de ce choix (on sait désormais que le succès économique de l’entreprise Apple est basé sur des conditions de travail dignes du Moyen-Âge dans les usines Foxconn en Chine qui fabriquent ses produits, et que Apple fait partie des ces multinationales qui réussissent à échapper presque totalement à l’impôt dans notre pays), et intéressons-nous aux critères commerciaux, techniques et pédagogiques.

D’un point de vue commercial, on constatera que Apple réactive les vieilles méthodes qui ont fait son succès aux USA depuis les origines: inonder les établissements scolaires de ses produits en proposant des prix très attractifs, afin de fidéliser une clientèle pour l’instant captive. Aux États-Unis, beaucoup de gens sont fidèles aux produits Apple malgré leurs prix très élevés parce qu’ils n’ont jamais utilisé autre chose depuis l’école. Cette stratégie est maintenant appliquée dans le monde entier et ne doutons pas que c’est la première explication du choix fait par nos élus. Et tant pis si le conditionnement imposé à nos enfants est la contrepartie de cette promotion commerciale.

Le choix technique est encore plus aberrant: les tablettes iPad ne sont pas des ordinateurs, ce sont des gadgets très sophistiqués mais totalement verrouillés. Toute intervention sur ce genre de machine est totalement impossible, le fabricant gardant la mainmise sur le fonctionnement de son appareil. Il faut savoir que si l’on avait fait le choix de systèmes et de logiciels libres, on aurait bénéficié de la même fiabilité tout en gardant la liberté d’installer les programmes de son choix et d’utiliser les matériels que l’on souhaite. Et le tout pour un prix quasiment nul!

Quant à l’aspect pédagogique, il se résume à un choix: veut-on des gadgets ou des ordinateurs? Osons dire ici que l’iPad est un produit de consommation très coûteux et non pas un outil pédagogique digne de ce nom. Et il y a pire: Apple fournit aussi les contenus! Ainsi la boucle est bouclée et la multinationale contrôle l’outil, ses contenus, et … nos enfants! Tout en s’enrichissant aux frais du contribuable et en rendant l’école dépendante d’une entreprise à but très lucratif.

Oui, l’informatique doit avoir toute sa place à l’école à la fois en tant qu’outil et en tant qu’objet d’étude. Pour ce faire, il existe de nombreuses solutions techniques basées sur les logiciels libres à la fois moins coûteuses (voire gratuites), plus respectueuses de la déontologie et de la liberté des élèves et des enseignants, et qui concourent à former des citoyens responsables et aptes à faire leurs choix. Pas des consommateurs formatés.

Bruno Menan – Enseignant – membre de l’APRIL

2 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *