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Générations contre reproduction

Générations contre reproduction KroniKs 576 des Robinsons et Graines d’Orties du 13 aout

[rouge]Toute sa vie Albert Jacquard a milité pour faire comprendre des idées si simples qu’on les croyait parfois naïves[/rouge]. L’une d’entre elles , revenait, sans cesse: l’être humain ne se reproduit pas, il s’engendre. C’est à dire que tout être humain naît et est par définition complètement nouveau (ce à quoi s’oppose l’idée de reproduction).

Tout le monde le sait et pourtant nous faisons comme s’il n’en était rien. L’idée de reproduire, que nous la déclinions sous forme de modélisation ou de multiplication, est partout: dans la pensée sur le Social ou l’Éducation, on cherche à reproduire les expériences, les fonctionnements, les modes de gestion, les méthodes efficaces, les mêmes objectifs, les « bonnes » pratiques. la moindre institution entend se reproduire elle même, se maintenir, se multiplier.

Les expériences de pédagogie sociale nous ont enseigné au moins une chose: l’absurdité et l’impossibilité de la reproduction. Tous les acteurs le savent: leurs expériences éducatives engendrent de la résistance, et se confrontent à des obstacles sans cesse renouvelés. Il n’y a pas de reproduction possible, voire même d’institutionnalisation.

Que faire alors? Est ce une raison de renoncer face à autant de difficultés, face à la constance de tout ce qui s’oppose?

[bleu]Freinet lui même avait réalisé cette difficulté et en avait fait son invariant N°29:[/bleu]

« L’opposition de la réaction pédagogique, élément de la réaction sociale et politique est aussi un invariant avec lequel nous aurons, hélas! à compter sans que nous puissions nous-mêmes l’éviter ou le corriger. »

[rouge]Malgré tout[/rouge], la constance de cette « réaction », ne parvient pas à expliquer cet autre mystère: la constante résurgence des pratiques de pédagogie sociale, les éléments en commun de toutes ces expériences, les convergences entre acteurs et initiatives.

Comment rendre compte de l’étrange généalogie de nos actions qui trouvent année, après année de plus en plus d’écho? Comment rendre compte de leur influence même déformée sur les institutions actuelles? Comment témoigner du fait qu’on y revient sans cesse, que pour résumer en deux mots, nos pratiques semblent à la fois tout impossibles et nécessaires

Il y a bel et bien un essaimage en Pédagogie Sociale, et celui ci n’est pas sur le mode spatial, mais temporel. Ce n’est pas de la reproduction, [fuchia]mais de la génération[/fuchia]: première, seconde , troisième génération. Toutes nos actions suscitent des résurgences, des repousses , des avatars.

Les acteurs peuvent fort justement craindre d’être un jour dépassés par les difficultés. Difficultés en interne et en externe, qui communiquent entre elles. La précarité administrative imposée, renouvelée, les obstacles réinventés perpétuellement , suscitent parfois en interne découragement et tendances au renoncement, voire à l’autodestruction.

[rouge]Ce ne sont là que des « répliques », que des échos d’une plus grande violence qui est elle, descendante, et sur le cours et les causes desquelles il paraît trop difficile aux acteurs d’agir[/rouge]. L’impuissance où nous sommes conduits n’a souvent pas d’autres fins que d’alimenter la rancœur et nos divisions.

Mais pour autant, rien de ce qui a été fait n’est perdu. d’autres actions arrivent. Les axes de la pédagogie sociale ne cessent d’influencer davantage à la fois les actions « hors les murs » que ce qui se fait dans les institutions. Toutes les difficultés qui s’accumulent sur les expériences (et leurs promoteurs) ont l’étrange effet de renforcer encore cette influence.

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Association Intermèdes-Robinson

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