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Et alors, ces valeurs républicaines ?

Une rencontre qui interpelle : la commémoration des assassinats à Charlie hebdo, à l’Hypercacher et à Montrouge et l’annonce de la déchéance de nationalité et de l’inscription de l’état d’urgence dans la constitution ; on pourra gloser sur le thème « continuité ou tournant », n’empêche que ce qui est au centre, c’est bien la république… et l’école, forcément.

C’est que dès janvier 2015 on a entendu deux sons de cloche : d’un côté il fallait promouvoir une culture du débat, affirmer l’ouverture que représente la laïcité, apprendre aux élèves à décrypter les médias, et agir contre « l’apartheid social » ; de l’autre, il y avait des questions jugées « insupportables » en classe, de grands discours creux, une réserve citoyenne qui a fait flop et Juppé évoque maintenant un « délit d’entrave à la laïcité ».

À ma gauche, l’affirmation de la diversité, religieuse ou non-religieuse, « ethnique » ou idéologique ; à ma droite, l’idée qu’il y a des Français de France et d’autres sur lesquels pèsent le soupçon de la double appartenance.

Aujourd’hui, c’est la droite qui l’emporte, très fort, au gouvernement comme dans l’opposition. C’est la République des « j’veux pas l’savoir » et des « vrais Français ». Elle a pour elle la force de l’habitude, le poids des majorités sur certains thèmes (la sécurité par exemple), la complaisance historique de la gauche molle. Elle sait surfer sur les émotions négatives, la peur au premier rang. Des réactions en découlent : surveillance et précautions inutiles, repli sur le pré carré tricolore et méfiance vis-à-vis de l’étranger.

Face à ces enfermements tremblants et vite haineux, qu’imaginer ?

Rien que nous ne fassions déjà : construire avec les élèves des espaces de parole réglés, ouvrir les classes sur la diversité des personnes et des savoirs, veiller à ce que chacun puisse se dire « je suis capable ».
Et dans les quartiers : des lieux d’échanges et d’apprentissage (permanences associatives ou syndicales, centres sociaux, café-jeux pour les parents et les enfants, bibliothèques ou ludothèques de rue, à chacun de prolonger la liste).

Rien ne sert d’opposer aux grands mots creux des (ir)responsables la rage des vieux slogans. De même, il n’y a pas de potion magique contre les paranoïas, sécuritaires ou complotistes, franchouillardes ou communautaires.

Nos petites réalisations sont à l’échelle humaine, une taille préférable à celles des pyramides de toutes les genres de pharaons. On ne sait si elles atteindront la masse critique, si elles l’emporteront ou du moins pourront faire contrepoids.

Mais elles ont pour elles la modestie et la fierté, la force de l’inattendu et celle de la ténacité. Et comme base, les valeurs de la devise républicaine, celles sans frontières de la Démocratie.

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