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Enseigner les capacités de résistance à la norme scolaire

La résistance à la norme scolaire ne se trouve pas tant dans la descolarisation ou dans les pédagogies alternatives que dans l’enseignement des capacités de résistance à la norme scolaire.

Les résistances minoritaires à la contrainte scolaire

L’école forme des « bons élèves », elle ne forme pas des apprenants authentiques. Ce constat a été fait par Ken Robinson ou d’autres pédagogues. L’enseignement scolaire nuit par exemple au développement des capacités de créativité des enfants.

Néanmoins, il semble contestable comme le font par exemple Arno et André Stern de voir la solution au problème dans la descolarisation. En effet, il existe des élèves qui passent par le système scolaire classique et qui pourtant vont parvenir à résister à l’imposition des normes scolaires. Ces élèves conservent leur enthousiasme d’apprendre. Ces élèves sont capables de faire preuve d’esprit critique et de créativité même lorsque le système scolaire ne leur demande pas.

A vrai dire, on peut se demander pourquoi les parents pendant les deux mois de vacances scolaires n’appliquent pas à l’égard de leurs enfants un programme non-scolaire. Il suffit après tout de laisser l’enfant autonome créer au milieu d’un milieu riche en outils manuels et intellectuels. Néanmoins, il est possible de constater que pour l’essentiel un tel programme risque de ne pas fonctionner avec nombre d’enfants. En effet, ceux-ci ont déjà intériorisé, en particulier par la socialisation de genre, les contraintes normatives.

Certains pédagogues ont pensé que les méthodes actives pouvaient constituer un entrainement à la résistance à la norme scolaire de passivité. Néanmoins, appuyer l’apprentissage de la résistance à la contrainte scolaire sur des dispositifs scolaires, c’est risquer que l’élève ne soit plus capable de faire preuve de résistance une fois le dispositif disparu.

Boris Cyrulnik a étudié les conditions de possibilité de la résilience. Certaines personnes – une minorité – après des expériences destructrices se relèvent : comment cela est-il possible ? Quelles sont les conditions objectives qui favorisent la résilience ?

Il est possible d’adopter la même démarche en ce qui concerne les capacités de résistance à la contrainte scolaire. Il est possible de se demander quelles sont les conditions qui favorisent les capacité de résistance à la contrainte scolaire et ce que peut être une pédagogie de résistance à la norme scolaire.

Une pédagogie de résistance à la norme scolaire

Une pédagogie de résistance à la norme scolaire est une pédagogie qui considère que l’institution scolaire telle qu’elle fonctionne produit le désintérêt des élèves, leur soumission à l’autorité, le manque d’esprit critique, inhibe la créativité…. L’institution scolaire constitue, avec la famille, un lieu d’apprentissage de la soumission à l’autorité mise en évidence par Milgram. Une telle pédagogie se donne pour objectif de donner aux élèves les capacités de résister à la norme scolaire.

Quelles sont les capacités que l’enseignant doit développer pour favoriser la résistance à la norme scolaire ?

– Déconstruire les normes de genre : Le style éducatif, en particulier des enseignants, et le système scolaire construit plus particulièrement les élèves filles comme des « bonnes élèves », mais non pas comme des apprenantes authentiques. Etre une bonne élève, cela va consister à restituer ce que l’on pense que l’enseignant attend de soi. L’élève fille intériorise les ambitions limitées de son genre.
Deconstruire les normes de genre, c’est aider les élèves à ne pas s’enfermer dans des rôles prédéterminer. C’est faire en sorte qu’ils acquièrent des traits de personnalité et des compétences qui sont celles des deux genres.

– Expliciter le rapport au savoir de l’apprenant authentique : L’apprenant authentique n’a pas avant tout des buts de performance (avoir de bonne notes), mais des buts de maîtrise (maitriser un domaine du savoir). Si l’apprenant authentique peut être un élève qui a de très bonnes notes, ce n’est qu’un effet secondaire de ces buts de maitrise.

– Expliciter l’activité mentale de l’apprenant authentique : l’apprenant authentique même face à un cours magistral est en activité mentale. Il met les informations en relation les unes avec les autres. Il se formule des objections à l’enseignant. Il est capable de formuler des inférences qui vont plus loin que ce que l’enseignant dit. Il dégage les enjeux –en particulier idéologique – du discours de l’enseignant.

– Encourager les compétences intellectuelles de haut niveau : L’enseignant doit encourager les élèves même dans les exercices scolaires à aller au-delà de ce qui est demandé par l’exercice : formuler un avis critique, faire preuve de créativité…

– Encourager à ne pas se contenter du cours de l’enseignant : l’élève doit apprendre à ne pas se contenter du cours de l’enseignant et aller plus loin sur un sujet. Il doit prendre l’habitude d’aller chercher des informations à l’extérieur du cours et de les confronter. Mais l’enseignant doit apprendre aux élèves à vérifier la fiabilité des sources utilisées.

2 Comments

  1. Claudia

    Enseigner les capacités de résistance à la norme scolaire
    Quelle idée étrange de vouloir enseigner la résistance à la norme scolaire : il suffirait simplement de ne pas soumettre les enfants à cette norme ? Aucun petit enfant n’est normé, c’est un apprentissage (c’est même reconnu comme le rôle principal de la maternelle, apprendre aux enfants “leur métier d’élève”), apprentissage long, parfois douloureux pour certains.

    Ce que vous mettez en avant, avec force obligations (“l’élève doit apprendre” “doit prendre l’habitude”), c’est le mode d’emploi du parfait bon élève, celui qui a intégré la valorisation scolaire du fait de ne pas être scolaire… (entendu souvent en conseil de classe comme louange)

  2. Irène

    Enseigner les capacités de résistance à la norme scolaire
    Oui, on pourrait supprimer la norme scolaire… mais comme pour l’instant on n’a pas réussi à la supprimer, autant essayer déjà d’y résister.
    Ce que l’on entend beaucoup dans les conseils de classe, c’est: élève scolaire, très scolaire, trop scolaire…
    Sauf que ces élèves scolaires, dont les enseignants se plaignent, ceux sont eux qui les ont fabriqués…

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