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Economie positive et éducation positive

Il est possible de s’interroger sur les homologies et les liens qu’entretiennent l’économie positive et l’éducation positive.

Le capitalisme de l’économie positive

L’économie positive est un courant économique actuel qui a reçu une promotion publique du fait du rapport Attali en 2013 et de la publication d’un petit ouvrage aux éditions Mille et une nuit, Manifeste pour une société positive, en 2014.

L’économie positive prétend sortir du court termisme de l’économie financière. Elle se veut une économie qui s’appuie sur des valeurs, en particulier l’altruisme. Il s’agit d’une économie qui prend en charge les enjeux d’avenir : l’écologie, la démographie, les inégalités sociales…

Elle met donc en avant une économie qui n’est pas basée sur le seul indicateur qu’est le PIB. Les tenants de l’économie positive publient d’ailleurs un classement des pays de l’OCDE relativement à l’économie positive. Ce sont les pays scandinaves qui sont les mieux classés.

L’économie positive entend s’appuyer par exemple sur l’entreprenariat social, la microfinance, le commerce équitable ou la responsabilité sociale des entreprises (RSE) comme levier économique.

On peut se demander comment l’économie positive peut prétendre constituer une alternative à l’économie capitaliste s’appuyant sur le modèle néoclassique orthodoxe.

A l’anthropologie utilitariste de l’homo economicus, l’économie positive prétend mettre au service de l’économie une autre anthropologie : « Etre altruiste, permet d’être plus performant dans son travail […] le bien être de l’individu lui permet d’être plus innovant et créatif » (Rapport Attali, p.55 – 56).

Comment valider une anti-anthropologie utilitariste au service d’un capitalisme à visage humain ?

L’économie positive s’appuie sur la psychologie positive. La psychologie positive s’intéresse au conditions d’un développement optimal de l’être humain. Les notions de bien-être et de bonheur sont au centre de ce courant de la psychologie qui se situe dans la continuité de la psychologie humaniste de Carl Rogers.

A l’appui de la psychologie se trouvent également les neurosciences cognitives, et entre autre la neuroéconomie, qui valide la place des émotions – et non pas du calcul rationnel – dans les décisions économiques des acteurs.

Une éducation au service de l’économie positive : l’éducation positive

Le projet d’une économie positive suppose une éducation positive. Cette éducation doit permettre de développer chez les individus les compétences adéquates à une telle économie : compétences sociales telles que l’empathie et la coopération, compétences éthiques telles que le souci de l’environnement et des inégalités sociales.

L’éducation positive prétend également s’appuyer sur les travaux des neurosciences. Les émotions positives favoriseraient davantage le développement du cerveau et des apprentissages.

Parmi les écoles qui développent une éducation positive, il est possible de citer L’école du Colibri ou encore Living School à Paris.

Il est possible de remarquer en outre que se développe un vocabulaire commun à l’éducation et au management autour de la psychologie positive : bienveillance, bien-être, bonheur….

Néanmoins, il ne faut pas oublier que dans le cadre de l’économie positive, les qualités intellectuelles et créatives des individus doivent générer une performance optimale. Ce présupposé du capitalisme ne disparaît pas dans l’économie positive.

Conclusion : Une éducation au service de l’optimisation de la performance :

Ainsi, si l’éducation positive doit avoir pour orientation de former les travailleurs adaptés à l’économie positive, alors il s’agit d’une éducation qui doit permettre d’optimiser la performance.

On peut cependant s’interroger sur les difficultés que peut poser cet objectif d’optimisation de la performance dans le bien-être. En effet, le système capitaliste a besoin de travailleurs performants, mais il est orienté vers l’accumulation du profit pour le profit.

Les nouvelles formes de management par objectifs se sont heurtés à la difficulté que les salariés ne supportaient pas psychologiquement ces exigences de performance. Cela se traduit par de la souffrance au travail : dépression, burn out, suicide au travail…

Le management par la bienveillance et les problématiques de bonheur au travail pourraient être les moyens de contourner cette difficulté. Mais, il est à craindre qu’elle ne puisse pas les contourner sans rencontrer de limites dans cette recherche d’une performance toujours plus grande.

En effet, les joueurs de jeux videos peuvent connaître l’état de flow (l’expérience optimale) au point d’oublier d’en oublier le temps et d’oublier de s’en alimenter. Mais l’on connaît la fin : si le psychisme vit une expérience intense de bien être, le corps finit pas ne pas suivre.

Annexes :

Rapport Attali, Pour une économie positive, 2013.
URL : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000625.pdf

Positive economy forum – http://positiveeconomy.co/fr/reseau-economie-positive/

Economie positive et éducation positive :

Réseau d’entrepreneur sociaux – Ashoka – http://france.ashoka.org/

Education positive :

Living School – https://www.youtube.com/watch?v=fC__dTkTxhY

Sur l’éducation positive :

« L’éducation positive, le nouveau dogme parental », Libération.fr, 2015 – http://next.liberation.fr/vous/2015/05/31/l-education-positive-nouveau-dogme-parental_1320312

« L’éducation positive n’est pas si positive que cela », Slate.fr, 2015 – http://www.slate.fr/story/104319/education-positive

Psychologie positive :

Site de synthèse sur la psychologie positive : http://www.psychologie-positive.net/

Expérience optimale extrême : Etat de flow et mort par épuisement chez les joueurs de jeux videos : http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/07/15/la-folie-des-pc-bang-en-coree-du-sud_1549156_3216.html

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