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Dommage pour Finkielkraut 29/01/2015 à 19h36 « Charlie, ils l’ont bien cherché » : le « témoignage » choc était inventé

Rue 89 revient sur ces fameuses déclarations… édifiant !

Le témoignage de Mohamed Kacimi, écrivain et dramaturge publié dans de très bonnes maisons d’édition, faisait froid dans le dos.

Le 12 janvier dernier, il racontait sur Facebook sa rencontre avec des étudiants du lycée Michelet dans le Val-de-Marne et leur apologie du terrorisme très inquiétante.
Charlie Hebdo « l’a bien cherché »

Voici les propos qu’il est censé avoir échangé avec ces élèves au sujet des attentats contre Charlie Hebdo :

« Bon je vois que le théâtre ne vous passionne pas beaucoup, pouvez vous me dire comment vous avez vécu les…. événements du journal… satirique.
Un frisson parcourt les deux classes :
– Vous parlez de Charlie ?
– Oui c’est ça.
– Vous l’avez vécu comment, vous monsieur ?
– Je dois vous avouer que j’ai eu beaucoup de peine.
– Ah, s’esclaffent certains, pas nous.
– Pourquoi ?
– Ils l’ont bien cherché.
– Ils l’ont voulu.
– Ils ont eu ce qu’ils voulaient.
– On n’insulte pas les gens comme ça.
– Surtout notre Prophète, personne ne l’a vu, personne ne lui a serré la main, comment peuvent-ils le dessiner. »

Il concluait enfin son récit par l’avertissement d’un des lycéens :

« Monsieur, faut que je vous dise une chose, c’est la guerre, ça va être la guerre nous les musulmans et les autres, les juifs et les chrétiens, la guerre à mort. »

Cité sur France 2 par Finkielkraut

De nombreuses rédactions (Les Echos, Le Parisien, Marianne, Arte…) ont repris ce témoignage sans vérifier la véracité des propos de l’auteur.

Consécration suprême pour Mohamed Kacimi : Alain Finkielkraut a même rapporté ce récit en direct sur le plateau de « Des paroles et des actes » pour bien insister sur le « racisme anti-blanc » dans les écoles et « l’angélisme » de la société.

Sauf que comme Marianne l’écrit dans son édition de ce vendredi, le récit de Mohamed Kacimi a tout d’un texte bidon.

Dans ce qui semble être un mea culpa, l’hebdomadaire explique :

« Ce témoignage avait tous les gages de la véracité. Las ! Le 19 janvier, l’équipe enseignante de l’établissement s’offusqua sur Twitter de ce qu’elle qualifiait de “témoignage fiction”. Jamais les élèves n’auraient tenu de tels propos. »

Kacimi avoue un « condensé »

Dans Le Parisien, le lycée réagit :

« Nos élèves avaient échangé avec lui pendant cinquante minutes. Il n’y a pas eu de violences, d’éclats de voix. C’est lui qui a parlé de Charlie Hebdo, alors que ce n’était pas du tout le sujet.

Du coup […] nous avons apporté un éclairage objectif avec les élèves sur le fait qu’il s’agissait d’un témoignage fiction, signé par un écrivain dramaturge, ce qui n’est pas anodin. »

Mea culpa de Marianne sur le témoignage de Mohamed Kacimi (David Perrotin/Rue89)

Interrogé par Marianne, Mohamed Kacimi a admis avoir « condensé dans sa chronique ce qu’il avait entendu dans plusieurs établissements, mais pas dans ce lycée-là en particulier ».

Problème : l’écrivain, qui n’a d’abord pas donné suite à nos sollicitations, ne souhaite pas donner les noms de ces écoles. Et refusait selon Marianne de parler aux journalistes.
« Ce torchon de Marianne »

Mohamed Kacimi a réagit ce vendredi matin sur Facebook où il dénonce le comportement du journaliste de Marianne :

« En trente ans de métier, c’est la première fois où je vois un journaliste prendre un auteur à la gorge pour qu’il lui crache la source de ses infos. »

L’auteur explique aussi pourquoi il ne souhaite pas apporter les preuves de son témoignage en donnant par exemple les noms des établissements :

« Au moment où l’on arrête des gamins de 8 ans, où l’on suspend de leur fonction des enseignants parce qu’ils ont refusé de participer à cette communion nationale autour de Charlie, je n’allais tout de même pas livrer le nom d’un établissement quelconque. Je sais que pour certains, la délation est une tradition nationale mais, désolé, je ne m’y adonne pas. »

« Ce n’est pas grave, rien n’est inventé »

Plus étonnant, Mohamed Kacimi écrit également que ses témoignages repris un peu partout dans la presse recoupent ceux publiés par Rue89. Joint par notre rédaction, il s’explique sans, une fois encore, parvenir à préciser ses sources :

« En fait, il y a un témoignage publié dans Rue89 je crois, qui allait dans le même sens que le mien. »

Et s’agace :

« Ce n’est pas sympa de reprendre ce torchon de Marianne. Je n’ai aucune maladresse à me reprocher. Oui, j’ai recoupé plusieurs témoignages de différents endroits, mais ce n’est pas grave puisque rien n’est inventé. »

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