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Demain au collège on joue à la guerre….

Y-a-t-il eu des attentats en France ? Oui. L’école est-elle une cible potentielle ? Oui. Doit-on s’en inquiéter ? Sûrement. C’est humain. En tant que professionnels de l’éducation d’une part et en tant que qu’usager pour beaucoup d’entre nous, nous nous posons forcement des questions. Est-ce que cela justifie pour autant la venue dans les établissements scolaires de gendarmes qui organisent, avec les directions, des réunions où tout le monde est prié d’assister et d’écouter religieusement (le petit doigt sur la couture du pantalon) ? Gendarmes qui tiennent, sur un ton très martial, un discours extrêmement anxiogène sur la possible intrusion d’individus pourvus d’armes de guerre. Armes que nous reconnaitrons nécessairement à leur bruit caractéristique. Individus qui passeront forcement par le hall. Et alors nous n’aurons plus que quelques secondes pour choisir la bonne option en tant que seule autorité responsable. Option qui permettra ou non de sauver le maximum de vies. D’où la nécessité d’organiser des exercices « alerte-intrusion » avec les élèves. Dans un premier temps confinement avec porte barricadée et volets baissés (il parait que quand un volet est baissé le terroriste ne tire pas dedans) puis un quart d’heure plus tard évacuation par tous les moyens possibles afin de simuler une fuite. Le tout sous l’œil expert du gendarme qui communiquera alors ses recommandations contribuant à la mise en place de la « culture commune de la sécurité ».

Comment sort-on de ces réunions ? Angoissé ? Bien sûr ! C’est même le but. Infantilisé ? C’est évident. On ne discute pas, y compris la forme, y compris si c’est vous qui êtes sur le terrain et qui le connaissez. Mieux préparé ? Ben non. D’abord parce que la menace est protéiforme et qu’il est présomptueux de dire « ce sera ça qui va se passer et pas autre chose ». Ensuite, parce que oui, dans les cas d’urgence, il n’y aura pas de scénario à suivre, chacun réagira de son mieux et aura à gérer une situation autrement plus complexe et que les « bons réflexes » ne s’apprennent pas en 30 minutes lors d’une mise en situation bidon. Et enfin parce que se préparer au mieux à affronter une situation dangereuse (et pas qu’une intrusion d’ailleurs) ça pourrait être de repérer et faire repérer aux élèves toutes les issues de secours, leur apprendre à manier les extincteurs, les former aux gestes qui sauvent (c’est obligatoire en 3eme mais là il n’y a pas de formateurs…), leur apprendre à contacter les secours (quand il n’y a pas d’adulte avec eux – sur le chemin de l’école par exemple -)… enfin toute chose qui pourrait s’avérer utile. Et peut-être aussi faudrait-il aussi essayer de dédramatiser (sans les nier bien sûr !) les risques.

Nous arrivons à un degré d’anxiété tel que des comportements irrationnels d’enfants et de parents apparaissent. Est-ce cela qui nous apprendra à mieux gérer les situations ? Alors, les 2 seules choses qu’on prépare dans ce genre d’exercice ce sont la militarisation des enseignants et la bonne conscience des ministres qui diront lors d’un prochain attentat « on était prêts, on avait fait tout ce qu’il fallait ».

2 Comments

  1. THIBAULT

    Demain au collège on joue à la guerre….
    Lorsque je dis cet article, je me souviens …

    Je suis née en 1954, j’avais donc 6 ans en 1960. Ma famille habitait dans une ile “française” du pacifique. Les exercices de conditionnements, j’en ai connus entre 1960-62 à l’école primaire. Il s’agissait, à l’époque, de sensibiliser les jeunes à se protéger des effets de la bombe atomique. On nous demandait de nous mettre à croupi sous notre table et/ou de s’envelopper d’un drap blanc etc. Je n’en ai pas gardé un souvenir amusant, ni instructif malgré les fascicules qui étaient distribués en classe.

    Avec le recul, je pense que ces exercices de conditionnement sont la plus mauvaise des solutions face aux menaces quel qu’elle soient. Le problème face à une agression est qu’elle est multiforme et il n’y a pas de postures réflexes bonnes ou mauvaises. Seul le bon sens et l’instinct de survie avec de la chance peut nous permettre de rester en vie.

    Faire faire des exercices de ce genre aux enfants et adolescents est un vrais scandale et déboucheront essentiellement sur encore plus de violence.

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