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Administration de la confiance

Administration de la confiance: KroniKs 568 des Robinsons et Graines d’Orties du 19 Juin

[rouge]Paul Virilio utilise l’expression « administration de la peur » pour nous expliquer comment le climat de peur personnelle, sociale , familiale et politique qui nous entoure est soigneusement entretenu par une accélération perpétuelle de la vie de tous les jours. [/rouge] La nécessité de réagir et de s’adapter en permanence en temps réel et en temps présent nous prive de toute perspective et nous rend comme de enfants .

Cette peur qui envahit l’espace social est alors un peu comme celle des passagers d’un véhicule devenu fou et hors de contrôle.

Aucune vison « du dessus »,aucune visibilité vision du cap et de la destination ne sont dès lors possibles: la temporalité s’est aplatie dans un présent sans fin qui change sans arrêt.

Nous pouvons également mentionner comment la croyance dans le progrès a disparu surtout si on parle ici de progrès humain, social ou politique.

Mais au même moment, la nécessité de changer est devenue permanente. Sans arrêt , il faut s’adapter; à tout moment, nos outils, nos référentiels, notre organisation , notre statut mutent. [bleu] Le changement perpétuel a remplacé le progrès introuvable.
[/bleu]

Parler d’administration de la peur nous renvoie aux deux sens du mot « administration »:

– à la fois organisation, ordonnancement, ensemble de procédures, formalisation obligatoire

– à la fois le fait de se voir administrer un traitement, une potion (amère), un « médicament ».

C’est bien dans ce double sens qui’l faut comprendre cette « administration de la peur ». Elle perfuse, elle diffuse, elle s’introduit partout.

Cette administration a des effets individuels et collectifs , mais elle a également une autre fonction, que ne manque pas de souligner P Virilio. Celui qui a peur s’en remet facilement à quiconque prétend le conduire ou le protéger. Il évite toute prise de risque supplémentaire et a tendance à être docile.

Ca aide, en ces périodes troublées.

[fuchia]En Pédagogie Sociale, nous cherchons des remèdes pour une époque sans remède [/fuchia] et des maux sans remèdes: politiques existentiels,… essentiels

A l’administration de la peur, nous répondons par administration de la confiance et chez nous aussi , elle prend les deux sens du verbe, « administrer ».

Nous administrons la confiance comme un aliment essentiel.

-Confiance sociale: nous allons en tout lieu et vers tous. Nous ne contrôlons, ni ne dominons, mais nous installons au sol. Nous ouvrons nos tapis, déployons nos outils, mettons à disposition qui nous sommes et notre matériel.

– Confiance relationnelle, par notre engagement inconditionnel, immédiat

– Confiance économique, politique, par la prise en compte que nous opérons de la réalité des gens, des oppressions et discriminations qu’ils subissent

Nous arrivons ainsi à devenir sécurisants, nous qui travaillons avec toutes les insécurités. Nous assurons nos activités. Ce n’est pas nous qui amenons du changement perpétuel; par contre, nous sommes plutôt attentifs aux petits changements qui viennent des gens eux-mêmes, qui s’opèrent en eux et par petites touches.

Cette confiance que nous distribuons, nous l’organisons également; nous en faisons même notre propre mode d’organisation.

En Pédagogie Sociale l’organisation du travail est toujours marquée par le refus de toute hiérarchisation. Chez nous , il n’ y a pas de petit boulot, de tâche infamante. Le travail d’un petit , comme chez Korczak, vaut toujours celui d’un grand.

La confiance c’est ce qui règne aussi dans la spontanéité de nos réunions, des groupes que nous formons; c’est cette confiance qui est l’élément qui frappe le plus , en général les nouveaux venus, sur nos groupes et nos lieux d’action.

Nous opposons ici et maintenant l’administration de la confiance comme principe de nos actions et contre toute la culture du soupçon systématique, social, institutionnel, administratif, qui nous étouffe progressivement.

[fuchia]”Mais moi je suis resté
suis resté longtemps là
les bottes bien ancrées dans le limon doré
rôdeur ensorcelé
trop ébloui
pour oser faire un pas”
Nicolas Bouvier, Le dedans et le dehors[/fuchia]

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Association Intermèdes-Robinson

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