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À quand un Manifeste de la révolution éducative ?

Souvent, en France, quand une manifestation d’enseignants a lieu, on peut lire des pancartes « Jules (Ferry), reviens, ils sont devenus fous ! ». Pourtant, si nous en sommes là aujourd’hui, c’est bien parce que le système mis en place par Ferry dans les années 1880 a réussi à perdurer. Lui, l’apôtre de la colonisation, a aussi prôné une colonisation des esprits en France métropolitaine. Aujourd’hui, le système scolaire qu’il a légué en héritage (avec d’autres, Guizot notamment) fait de plus en plus débat.

Les évaluations internationales PISA et PIRLS, avec toutes les réserves que l’ont peut avoir sur leur pertinence, ont le mérite d’alerter l’opinion sur la médiocrité de notre système. De Telerama au Monde Diplomatique, de nombreux médias interrogent désormais les règles du jeu scolaire. Tous les acteurs, qu’ils soient élèves, parents, ou enseignants, qui vivent chaque jour l’imposture de l’égalité des chances d’un côté, et la réalité de la reproduction sociale, de la violence symbolique et de la fabrique de l’impuissance de l’autre, sentent, savent, que les dés sont pipés, et que quelque chose doit être fait.

Mais ce qui est moins connu, c’est le fait que notre modèle éducatif à été conçu pour être inégalitaire. D’un côté, le lycée destiné aux élites de la Nation. De l’autre, l’école primaire, jusqu’au certificat d’étude, pour « le peuple ». Ce peuple qui à la fin du XIXème siècle commence à déserter les campagnes pour aller travailler en ville, dans l’industrie et les usines. Pour répondre aux besoins de main-d’œuvre créés par la révolution industrielle, il faut donc éduquer suffisamment les paysans pour qu’ils soient capables de se muer en prolétaires urbains, mais pas trop non plus pour éviter qu’ils ne remettent en cause leur condition de classe dominée par la bourgeoisie. Pour ce peuple, pas besoin de trop réfléchir donc : des exercices simples, répétitifs, dénués de sens, de liens, et la méthode de lecture qui va avec : l’écrit est une traduction de l’oral, on part donc des « sons » que font les lettres (!) pour déchiffrer syllabe après syllabes des mots, puis des phrases aussi riches que « la poule appelle ses petits »… On sépare les enfants en classes d’âge, on segmente les disciplines entre elles, pour simplifier… Et éviter de développer une pensée complexe et transversale chez ce peuple, qui pourrait faire des liens entre les choses au point de vouloir les changer !

L’objectif affiché de Jules Ferry, en-dehors de conditionner la future chair à canon qui arrachera l’Alsace et la Lorraine aux griffes des « boches », est de « fermer l’ère des révolutions » : c’est d’ailleurs ce qu’il annonce aux députés monarchistes de l’Assemblée Nationale pour les rassurer et consoler les congrégations religieuses qui perdent leur monopole éducatif.

Dans les années 60, la sociologie critique de Pierre Bourdieu met le doigt sur les conséquences actuelles de ce système à deux vitesses, devenu encore plus pervers avec la mise en place du collège unique : un collège pour tous, mais dont la pédagogie héritée de celle du lycée met en échec sciemment les élèves des classes populaires. Bourdieu explique que l’école républicaine reproduit les inégalités en évaluant sur ce qu’elle n’enseigne pas, qu’elle trompe tout le monde en proclamant une égalité des chances factice, et qu’elle exerce une violence symbolique brutale sur les dominés… Une école « pour le peuple », mais sans lui…

La prise de conscience actuelle n’est qu’un ressenti à grande échelle de ce que Bourdieu a démontré il y a 50 ans.

Mais quelles réponses à ces interrogations, ce sentiment, ce vécu ? Les rares optimistes, qui ont cru que la « Refondation » initiée par le ministère changerait quelque chose, ont pour la plupart déchanté.
Beaucoup font ce qu’ils peuvent à leur échelle, dans leur classe, école, quartier, sans pouvoir complètement expérimenter ce qu’ils voudraient, par manque de temps, d’audace, de formation, de travail d’équipe, ou en raison d’une pression de la hiérarchie, des collègues ou des parents d’élèves…

En parallèle, depuis quelques temps, les écoles « alternatives » se multiplient, aussi bien en ville qu’en province. Certaines sont estampillées Montessori, d’autres Steiner, d’autres encore sont un mélange de plusieurs influences. Les publics concernés par ces établissements, les tarifs d’inscription, les relations avec l’Education nationale, et surtout les objectifs pédagogiques et politiques (quand ils sont évoqués) sont très variables, et n’ont souvent rien à voir avec une révolution éducative tendant vers une école « du peuple » (et non « pour lui »)…

Dans ce contexte dont on ne sait s’il est favorable ou pas, plusieurs mouvements pédagogiques ont décidé d’initier des rencontres pour chercher et construire les fondements d’une école « du peuple ». Difficile de savoir par où commencer, tant la tâche est immense. La situation est comparable à celle que vivent les Français dans leur ensemble vis-à-vis de la politique générale actuelle : tout le monde s’accorde pour dire que le cap n’est pas le bon, chacun sait bien que les remèdes annoncés ne guériront pas le mal. Les forces dites « radicales » ou révolutionnaires ont beau clamer contre le fantôme de Thatcher et son fameux « There Is No Alternative » (TINA) que cette alternative existe bien, elles ont du mal à en faire la démonstration, ou même à la définir. C’est ce qui a poussé le journaliste Serge Halimi à faire des propositions fort intéressantes dans un récent numéro du Monde diplomatique, précisant que « plus elles paraissent ambitieuses, plus il importe de les acclimater sans tarder, (…) sans jamais oublier que leur rudesse éventuelle doit être rapportée à la violence de l’ordre social qu’elles veulent défaire. »

Parmi les idées portées par les forces altermondialistes, antilibérales et révolutionnaires, Halimi en retient trois qui pourraient constituer un socle sur lequel les forces en question pourraient s’appuyer pour « élaborer une stratégie, imaginer son assise sociale et ses conditions de réalisation politiques ». Les voici : la gratuité étendue à tous les besoins fondamentaux, sur le modèle de la sécurité sociale ; la remise à plat de la dette publique (voire son annulation pure et simple) ; et la récupération fiscale des recettes dilapidées en cadeaux fiscaux. L’idée n’est pas ici de juger ces propositions en tant que telles, mais de voir ce que la démarche a d’intéressant et de réfléchir à son application à d’autres domaines, comme par exemple l’éducation.

« Définir quelques grandes priorités, reconstruire le combat autour d’elles, cesser de tout compliquer pour mieux prouver sa propre virtuosité » : cette phrase d’Halimi pourrait-elle devenir le début d’un projet éducatif alternatif ?

Le mouvement Freinet, dont le fondateur qualifiait déjà il y a presque cent ans l’école républicaine de « fille et servante du capitalisme », qui a inventé (entre autres!) le journal scolaire, les correspondances entre classes, et la pédagogie coopérative, s’est-il endormi au point de n’avoir plus rien en commun avec l’Association Française pour la Lecture , qui prêche dans le désert depuis trente ans pour faire des élèves des producteurs de savoir plutôt que de simples consommateurs, s’est-elle résignée à laisser l’institutions scolaire produire 15% d’illettrés supplémentaires à force de laisser croire que le « son des lettres »est plus important que le sens des mots ? La CNT, qui comptais d’excellents pédagogues, a-t-elle finalement baissé les armes après la guerre d’Espagne ? Les syndicats n’ont-ils plus pour objectif que de défendre le rythme des profs au détriment de celui des élèves ?
Avec l’expérience accumulée par ces associations, l’alliance de la recherche et de l’action, le recul acquis sur des pratiques ayant fait leurs preuves à la campagne comme dans les banlieues les plus défavorisées, comment accepter que les enfants du XXIème siècle soient instruits et éduqués selon des principes nés au XIXème dans l’esprit d’un colonisateur revanchard qui voulait par-dessus tout fournir une main d’oeuvre docile aux maîtres des forges et éviter qu’une nouvelle Commune (de Paris ou d’ailleurs) ne voit le jour ?

A l’heure où même les conférenciers du célèbre TED (Technology, Entertainment and Design) dénoncent les origines douteuses du système scolaire hérité du XIXème siècle, où la fondation Bill Gates et l’entreprise Google injectent des millions de dollars dans l’innovation pédagogique aux USA, peut-être est-il temps de mettre concrètement d’autres propositions sur la table ? De les faire connaître au reste du « peuple » dont on se demande si on en fait toujours partie à force d’en parler !

Alors, à quand un Manifeste de la Révolution Éducative, première étape vers une décolonisation des esprits ?

13 Comments

  1. Anonyme

    À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
    Article suffisamment polémique, mais bien superficiel… Le recours à la pensée profonde de M. Halimi fait sourire (ou pleurnicher)… Bon, vivement la suite.

  2. Anonyme

    À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
    Je pense au contraire que cette réflexion générale est un point de départ intéressant : puisque les espoirs de “grand soir” sont quelque peu fatigués, quelles lignes d’horizon affirmer ?
    Jean-Pierre Fournier

  3. coret

    À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
    Au risque de passer pour une bisounours bourgeoise, je me dis parfois que pour enlever du pathos et de l’injustice à l’école, il faudrait peut-être commencer par admettre qu’il y en a et arrêter de rêver que ça n’existe jamais plus.

    J’aime assez l’expression “Manifeste de la révolution éducative”, mais qui sont les éducateurs? Les enfants m’apprennent souvent plus que les adultes sur ce monde. Comme disait ce bon Korczak, ils ne savent pas tout, mais ils ne se trompent jamais.

    Laissons les enfants regarder avec nous le monde, et on pourra peut-être avancer un peu.
    Anne Coret

    Poètes et philosophes
    « Le poète est un être qui connaît aussi bien l’enchantement que les plus grandes souffrances ; il s’emporte et se passionne facilement, il ressent très fortement les émotions et les malheurs d’autrui.
    « Les enfants sont comme lui.
    « Le philosophe, lui, est un être qui aime réfléchir et qui veut absolument connaître la vérité sur toutes choses.
    « Et là encore, les enfants sont comme lui.
    « Il est difficile aux enfants de dire ce qu’ils ressentent et ce qu’ils pensent car il leur faut s’exprimer avec des mots ; et écrire est encore plus difficile.
    « Mais les enfants sont des poètes et des philosophes. »
    http://korczak.fr/

    • Jean Agnès

      À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
      En effet, et nul besoin des clercs et des docteurs bouffeurs d’espoirs pour nous aider à comprendre cela intimement.

    • Anonyme

      À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
      Le choix aux parents ! C’est de la partition ! Des écoles pour ceux qui aiment l’uniforme, pour ceux qui aiment la coopération, pour ceux qui veulent séparer : garçons/filles, croyants/non croyants, francophones/allophones….

      • coret

        À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
        En effet, c’est triste d’en arriver là, mais c’est peut-être la seule solution. Quand on n’y arrive plus de l’intérieur, on essaye autrement. Et puis ne nions pas que ce choix se fait déjà, sur le “niveau” des élèves, l’environnement sociologique, les familles s’esquivent déjà, les publics des collèges sont déjà clivés. Cette demande a peu de chances d’aboutir à mon avis, parce qu’elle impliquerait une cooptation des enseignants, un recrutement sur profil, ce qui n’est pas permis dans le cadre actuel, mais j’ai signé quant à moi. Nous avons déjà fait l’expérience de ces écoles différentes, nous savons qu’elles ont fini par recruter des publics particuliers. Faire des écoles expérimentales, des écoles comme les autres, permettra d’en éviter les écueils, et peut-être d’avancer, de faire avancer les programmes scolaires, le rapport adulte-enfant, le collège unique, mais c’est aussi des écoles où les enseignants travaillent énormément, et même si c’est passionnant, c’est très fatiguant. Mais je crois que c’est encore plus fatiguant quand on est isolé.

        • Valérie Guiffrey

          À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
          Bonjour Anne,

          Franchement je ne suis pas convaincue que la réponse vienne de l’extérieur, je dirais même que je la redoute cette réponse de l’extérieur. Si les publics des collèges sont déjà clivés c’est que ns avons tous échoués, la fédération aussi. De plus (sans vouloir remettre de l’huile sur le feu) cette réforme des rythmes nous conduit au même résultat ds le 1er degré, en tout cas ds le 19 cette deuxième année ça se voit bien. A chaque fois que je l’ai évoqué, tous m’ont dit, mais non, mais non, mais si, mais si !
          Et quand je vois l’explosion du soutien scolaire et le discours de certains parents, je tombe de ma chaise ! Honnêtement je n’aimerais pas être enseignant en ce moment, quelle tâche ingrate, quelle manque de considération !
          Cela n’aide surement pas les enfants à se diriger sur la bonne voie !

          Ce n’est pas là qu’il fallait déployer les moyens mais sur les personnels (en premier les enseignants combler en partie la suppression des 60 000 postes, recréer une brigade de remplacements digne de ce nom, mais aussi EVS AVS Animateur, etc…) et refondre les programmes qui en ont bien besoin.

          La réponse pourrait très facilement venir de l’intérieur si justement le gouvernement et ministère prenait plus en compte ces écoles expérimentales et école à projet innovant comme cela aurait du être le cas avec le groupe Bolivar pour la réforme des rythmes, tout y était ???? Tu le sais bien.

          Quand il y a passion on ne compte pas, ce qui provoque l’enthousiasme et un investissement démultiplié de tous donc rallie, les équipes sont motivées, créatrices, tous participent avec entrain (les parents pour exemple), la communauté progresse, la solidarité s’installe, l’école devient ainsi un espace de vie commun qui nous pousse tous vers le haut.

          Et les enfants sont ravis et apprennent avec envie, fier de progresser ensemble !

          J’ai signé comme toi, tu vois des fois on se rejoint (pour plaisanter)
          Valérie

      • Laurence*

        À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
        … car, bien sûr, les enseignants sont eux tous très avisés et humanistes, et les parents tous des andouilles… N’est-ce pas gênant comme postulat ? N’est-ce pas avec ce genre de postulat que l’EN reste ce qu’elle est : un entre-soi qui au fond satisfait sa nomenklatura – à savoir les enseignants ? En attendant le grand soir révolutionnaire, il semble plutôt urgent d’être pragmatique, et introduire un CHOIX, pour tous, ce serait un bon début, non ?! Bref… Et faire semblant de croire que l’école n’est pas déjà partitionnée et partitionnante, ce n’est ni très courageux, ni très lucide je trouve !

  4. Anonyme

    À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
    Le Monde diplo parle rarement d’école et quand il en parle ce n’est guère élogieux envers l’Education nouvelle, les mouvements pédagogiques jugés complices du libéralisme…

    • Jean Agnès

      À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
      Le “Monde diplo” est singulièrement fermé, parisianiste et élitiste. Cela ne mène pas à grand chose. Nous en avons assez l’expérience, et d’autres d’ ouverture d’esprit et de dialogue dudit Halimi. Et c’est la limite du genre!

      Il est également vrai qu’il y a, y compris chez ces biens-pensants supérieurs, un formidable tabou critique concernant l’éducation scolaire : c’est explicable, mais explique aussi pourquoi la stagnation en cours. Il faut revenir à la capacité philosophique des Lumières (et des rares successeurs de cet état d’esprit) de briser les interdits, de taxer les préjugés!

      A défaut, bien entendu, le système, ne rencontrant aucune contradiction, perdure en toute bonne conscience.

      Jean Agnès

  5. JUSTE F-X

    À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
    Salut à tous !
    J’ai tendance à dire que pour libérer les élèves, il faut libérer les maîtres. Ça rejoint la critique des préjugés et des idées toutes faites que l’école et le collège – au moins – entretiennent et transmettent.
    Si on veut changer l’Ecole globalement, il faut commencer par remettre à jour nos connaissances théoriques – à nous enseignants. Pour mémoire, Allègre ministre avait envisagé cela, pour tout de suite y renoncer (ça coûte, comme on se doute) sans aucun débat là-dessus.
    En tant que syndicaliste, je ne peux pas imaginer une seconde un recrutement sur profil généralisé. De toute façon, quelle que soit la structure éducative, il est toujours difficile d”oser penser par soi-même” – les enseignants ne sont pas moins grégaires que les autres.
    Reste que la question des moyens donnés et de leur utilisation est encore et toujours à reposer,ainsi que celle de l’abus de pouvoir dans le système éducatif français. Rappelons que des députés de la Gauche plurielle ont voulu réduire le pouvoir des inspecteurs d’académie – ce serait un début de changement – ce serait ….
    Cela dit , moi enseignant en collège, j’ai encore une petite marge de liberté – dans le dialogue que je peux avoir avec les élèves, si la situation n’est pas trop dégradée pour eux.
    Pour changer le système éducatif actuel en France, je pense qu’il faudrait ouvrir beaucoup plus les portes aux journalistes – en imaginant qu’ils connaîtraient bien les dossiers. En tout cas, comme dirait l’autre, il faut beaucoup plus de transparence dans cette société pourrissante ou asphyxiante. Mais vu les enjeux de pouvoir au sein de l’institution, cela ne pourrait être obtenu (si cela faisait l’unanimité) que par un rapport de forces. Il n’était pas question pour un socialiste autoritaire comme V. Peillon, de changer quoi que ce soit dans les pratiques de la hiérarchie quand il a pris ses fonctions en 2012.
    Les pédagogues doivent tenter de desserrer l’étau et, si possible, s’appuyer sur des syndicats bien malades du corporatisme et d’autres maux.

  6. Pascal Diard

    À quand un Manifeste de la révolution éducative ?
    En 1992, dans le Monde Diplomatique, un Manifeste au titre percutant (“L’Education Nouvelle : une urgence de civilisation”) était publié par Henri Bassis, président du GFEN. Le contenu n’en était pas moins percutant puisqu’il associait à la necessité de transformer profondément l’école, l’idée que les enfants comme les peuples étaient capables de s’émanciper, à la fois intellectuellement, individuellement et socialement.
    Ce manifeste eût alors un accueil international comme en ont témoigné les dizaines de messages reçus au GFEN.
    On peut se procurer ce texte qui reste ô combien toujours d’actualité, en s’adressant à Valérie Pinton, chargée de communication pour le GFEN, directement au siège (01 46 72 53 17) (mail : gfen@gfen.asso.fr)
    Pascal Diard

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