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À paraître le 13 avril : les deux premiers titres de la nouvelle collection « Cent mille signes »

Pratique aussi ancienne que l’édition, textes reliés qui portent à peine le nom de « livre », « Cent mille signes » est une collection conçue pour redonner ses lettres de noblesse à la brochure, au livret, à l’opuscule – et répondre aux temps de lecture et aux digestions incompatibles avec les pavés dans un monde où l’imagination née de l’écrit est toujours plus recouverte d’images à courte vue.

« Cent mille signes », n°1 :
« De la philosophie considérée comme un sport », par Jacques Bouveresse
http://agone.org/centmillesignes/delaphilosophieconsidereecommeunsport

« Au métaphysicien dont la condition se réduit, selon Carnap, à celle d’un “musicien sans talent musical”, Valéry aimerait voir substituer le philosophe dans le rôle, ouvertement assumé, du sportif de l’esprit entraîné et aguerri. Un sport d’une certaine sorte, qui exige un entraînement constant et intensif de “l’animal intellectuel”, qu’il faut accepter de comparer aujourd’hui à la philosophie elle-même si on veut pouvoir lui trouver un avenir.
On peut toutefois se demander si ce à quoi Valéry souhaitait finalement le plus voir la philosophie s’efforcer de ressembler était plutôt un art ou un sport. Il faut probablement songer ici à un exercice qui, comme c’est le cas par exemple de la danse et de la nage, puisse être les deux en même temps : “Philosophie ‘sportive’ sans illusion – le nageur, le danseur, qui ne vont nulle part.” Mais il y a une différence importante entre celui qui cherche dans la philosophie quelque chose comme un plaisir ou une émotion de nature esthétique, qui peuvent être éprouvés de façon plus ou moins passive, et celui qui pratique la philosophie de façon essentiellement active comme un exercice relevant d’une sorte de “sport de l’esprit” et dont, même s’il ne mène nulle part en particulier, on peut sortir mieux équipé, mieux préparé et fortifié du point de vue intellectuel. »

En invoquant la poésie philosophique de l’anti-philosophe Paul Valéry, Jacques Bouveresse questionne la survie d’un domaine qui prétend compenser son « désintérêt presque complet pour la question de la vérification par la tendance à croire qu’en ignorant la vérification on peut même ouvrir à la connaissance des possibilités à peu près illimitées ».
Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est aussi l’un des principaux commentateurs français de Ludwig Wittgenstein.

88 pages (12 x 17 cm) 7,50 €
ISBN 978-2-7489-0237-2

« Cent mille signes », n°2 :
« Plaisir au poème », chroniques de Georges Mounin
Suivies d’une conversation entre Jean-Charles Depaule et Inês Oseki-Dépré sur la poésie et les raisons de Mounin
Nouvelle édition revue et complétée (première édition Cahiers du Sud, 1952-1958)
http://agone.org/centmillesignes/plaisiraupoeme

« Quand on aime la poésie, au bout d’un certain temps, la seule façon tolérable d’en parler, c’est d’en parler avec précision, quels que soient les risques. Tout finit par valoir mieux que la Tour de Babel assourdissante où, comme à la corbeille d’une Bourse étrange, sont chaque jour hurlées péremptoirement toutes les opinions sur la Poésie majuscule. Pourquoi “glorieuse dans les bras du soleil” ? Là aussi, on voit avant de comprendre – il faut voir avant de comprendre et se laisser mener par les mots vers l’image. Une image de femme portée dans les bras du soleil, une vision de rayons divergents, de bras tendus offrants. C’est une image glorieuse, comme dans les tableaux celle des personnages entourés de lumière. C’est seulement l’image radieuse de femme éblouissante qui a empli les yeux d’Éluard. Et la preuve, c’est qu’il revient sur cette image, insatisfait jusqu’à ce qu’elle ait atteint la plénitude expressive adéquate à la vi
sion qu’il gardait intérieurement :

Sans songer à d’autres soleils
Que celui qui brille en mes bras

dira-t-il en 1940. Et c’est bien la même image. Il me semble qu’il a finalement su se délivrer de son éblouissement dans ce vers-ci, le plus accompli :

Tu portes dans tes bras les branches du soleil. »

Réédition de textes parus en 1993 dans la revue Agone (et pour la première fois entre 1952 et 1958 dans les Cahiers du Sud), ces quinze chroniques parcourent les écrits de Guillaume Apollinaire, Louis Aragon, André Breton, René Char, François Dodat, Paul Éluard, Nazim Hikmet, Victor Hugo, Stéphane Mallarmé, Henry de Montherlant, Saint-Pol Roux, Gaston Puel, Eugène Guillevic, Pierre Reverdy, Jules Supervielle, Paul Valéry, Alfred de Vigny, etc. Ces leçons de précision poétique sont suivies d’un dialogue entre un poète et une traductrice, qui reviennent, un demi-siècle plus tard, sur la poésie vue par le linguiste et sémiologue, militant communiste et résistant Louis Leboucher, dit Georges Mounin (1910-1993).

118 pages (12 x 17 cm) 8,50 €
ISBN 978-2-7489-0235-8

À suivre en septembre 2015 :
« Cent mille signes », n°3 :
« La machine est ton seigneur et maître », par Jenny Chan, Xu Lizhi & Yang
« Cent mille signes », n°4 :
« Monologues du Râleur et de l’Optimiste », par Karl Kraus

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